... et quelques jours à Shanghai en novembre de la même année. Pour tous les lecteurs pressés qui liraient ce blog dans le seul but de préparer leur propre voyage en Chine, sachez que, au cours de mon récit, toute information d'ordre pratique est en gras. Pour tous les autres... bonne lecture!

Datong, monastère suspendu (3 août)

Ô temple, suspends ton vol!

12 heures de sommeil, c’était le minimum syndical pour se remettre de ce début de voyage plutôt actif !

Un savoureux tandem "muffins - thé" animera quasiment tous nos petits-déjeuners à compter de ce jour. Et ce pour une raison bien simple: ce sont à peu près les seuls ingrédients disponibles qui nous semblent appétissants! Il faut bien avouer que nous sommes plus réticents aux « découvertes culinaire » du petit déjeuner…

Au programme aujourd’hui, une excursion (et je pèse le mot) au monastère suspendu. C’est, avec les grottes, l’autre site qui draine les pèlerins à Datong.

Je parle d’excursion et de pèlerins, car s’y rendre est un véritable chemin de croix!


Datong, centre ville

D’abord, il s’agit de trouver la gare routière. Le Lonely n’étant pas forcément très précis dans ses plans, nous décidons de nous tourner vers les jeunes autochtones. Jeunes, car potentiellement anglophones! J’ai bien dit potentiellement… Mais on arrive toujours à se faire comprendre, si l’on montre – de la bonne volonté ! – et un petit papier sur lequel est écrit le nom de l’endroit où l’on veut aller.

A force de persévérance, nous rencontrons un jeune fort sympathique qui prend la peine de nous accompagner sur plusieurs centaines de mètres. Il nous aide même à acheter nos billets, et nous accompagne jusqu’au bus. Autant le dire immédiatement, c’est un des – trop – rares gestes de sympathie qui nous sera adressé pendant tout ce voyage.


Datong, gare routière

Au départ, nous sommes seuls dans le bus qui part en direction de Hunyan, dans les contreforts des montagnes Wutai.

Mais cela ne va pas durer, nous découvrons bien vite le fonctionnement chinois en la matière : s’arrêter sans arrêt !

En pratique, le chauffeur passe son temps à klaxonner, soit pour éloigner un véhicule considéré comme gênant (utilisation classique), soit pour avertir les piétons de son passage (utilisation plus originale), et faire monter ceux qui sont intéressés.

Résultat, les pauses sont si fréquentes que le temps de parcours s’allonge de manière vertigineuse... Tout ce temps me permet donc tout un tas d’observations, que je vous livre en vrac…

[début des passionnantes observations]

Les Chinois fument à l’intérieur des bus publics. Un petit couple, visiblement préoccupé par la santé de son bébé, fait d’ailleurs fermer la fenêtre que nous avions ouverte pour avoir un peu d’air… L’air frais est donc plus dangereux que la fumée de cigarette en Chine…

Les petits villages que l’on croise en bord de route me font penser à Pompéi…



Le pinyin (transcription phonétique codifiée du chinois) est tellement omniprésent sur les panneaux de circulation que j’en viens à me demander s’il n’est finalement pas voué à remplacer les caractères chinois ?

Les flèches sont légèrement différentes des nôtres !

Heureusement, les chiffres sont les mêmes que chez nous !

Un conseil : il faut monter à droite dans le bus, car c’est de ce côté-ci qu’on a la meilleure vue pendant tout le trajet !

[fin des passionnantes observations]

Le côté joyeux de cette petite expédition, c’est qu’il n’y a pas de bus direct qui mène au monastère suspendu. Il n’y a même, à proprement parler, aucun bus qui y va.

On nous fait donc gentiment descendre à une station service, qui, soyons honnête, mérite à elle seule le détour par son côté complètement surréaliste.


Ici, même les ânes font le plein!

Et là, et ben il faut improviser. Donc négocier.



Le "face" à "face" de la négociation

Pour négocier en Chine, tout est dans la « face ». Je ne parle pas seulement du visage, mais plus largement, du masque de dignité que chacun d’entre nous arbore en public.

Il est coutume de dire que faire perdre la face à un Chinois est la pire humiliation qu’on puisse lui infliger.

Etant donné que les négociations se font toujours sous les regards amusés d’une cinquantaine de badauds, la face de l’orateur est particulièrement exposée pendant les tractations.

La négociation est donc le moment où cet aspect fondamental de la culture chinoise ressort le plus.

Il faut se méfier de cette histoire de face, au départ assez abstraite. D’autant plus que les Chinois sont d’excellents comédiens, et qu’ils se mettent vite à hurler pour impressionner leur monde. Mais surtout, ne pas se laisser intimider. Dès que le prix plancher du vendeur est dépassé, il refusera de continuer la négociation et se détournera ouvertement de son acheteur. Il aura perdu la face.

Bien sûr, j’ai passé un mois à maugréer que cette histoire de « face » ne joue que dans un sens: eux n’hésitent pas en retour à nous proposer des articles à des prix dépassant tout entendement, relativement au niveau de vie local, et même au nôtre ! Parfois, ils mettent leur face en danger quand même!!!

De toute façon, il faut aussi savoir jouer avec cette manière d’être.

Si la négociation n’avance pas, il faut absolument se dégager du groupe, car c’est une fois seul que d’autres vendeurs viendront vous faire leur proposition. Ils ne la feront jamais devant les autres, pour ne pas leur faire perdre la face (= avoir finalement accepté ce que le premier refusait obstinément). Par contre, ils seront tout contents d’avoir finalement empoché la mise !

Car voilà bien un autre trait de caractère essentiel. S’il n’y perd pas financièrement, donc s’il n’a pas perdu la face pendant la négociation, un Chinois finira toujours pas accepter la transaction. Ils sont tellement nombreux à proposer les mêmes objets ou services qu’ils savent pertinemment que s’ils refusent, un autre acceptera.

C’est, au sens propre, la loi du « marché » !





Et c’est un échantillon de toutes ces petites choses que nous vivons lors de notre première négociation, dans cette station service.

Je vous passe tous les détails, mais finalement nous trouvons un particulier qui accepte de nous y emmener tous les deux pour 15 Yuans (1,5 €). Le monastère n’est qu’à quelques kilomètres.

Petite précision pratique : à 60 Yuan l'entrée par personne, les prix d'accès au monastère ont déjà doublé par rapport à ce qui est écrit dans le Lonely. Une tendance globale sur tout notre circuit, qui contribue à faire des visites la part de dépense proportionnellement la plus importante du budget.



Ca va devenir un leitmotiv, mais le jeu en vaut vraiment la chandelle. Ce monastère vaut à lui seul le déplacement à Datong.


L’épithète « suspendu » n’est pas usurpée !

En plus, une fois n’est pas coutume, il n’y a pas grand monde.

Quelle beauté ! Certainement un des plus belles visites de notre séjour...






On aurait beaucoup aimé rester plus longtemps dans la région, ce qui était initialement prévu au programme. Mais vu les difficultés de transport dans la région, et le retard déjà accumulé à cause de la nuit blanche du train, nous décidons de partir plus au sud dès le lendemain.

Au retour, on a moins de difficulté à négocier le trajet jusqu’à la station service. De là, le bus nous ramène à Datong (si vous avez bien suivi ce que j’ai écrit plus haut, dans ce sens de la route, il faut monter à gauche du bus pour avoir une jolie vue !).

Avant de rentrer à l’hôtel, on décide de traverser un bout de la ville à pied. Instants choisis…


L'immeuble sur la photo de droite est une maison close (omniprésentes en Chine). Lors de notre passage, des filles font signe d'entrer à... Emma!

Alors bien sûr on poursuit notre chemin, et on passe dans un marché couvert. On décide de faire nos premières tentatives gastronomiques, avec ces pâtisseries bien locales !



En pratique, elles ne sont pas excellentes, surtout celle que j’avais prise (à droite), pourtant bien appétissante ! Ils avaient collé je ne sais quelle herbe aromatique à l’intérieur… immangeable !

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