... et quelques jours à Shanghai en novembre de la même année. Pour tous les lecteurs pressés qui liraient ce blog dans le seul but de préparer leur propre voyage en Chine, sachez que, au cours de mon récit, toute information d'ordre pratique est en gras. Pour tous les autres... bonne lecture!

Pékin (1er août)

Lost in translation

A Pékin, c'est l'atterrissage... dans tous les sens du terme!

Très vite on descend de notre petit nuage d'illusions et de rêves emportés dans nos bagages. Dès l'aéroport, on se retrouve plongés dans un monde inconnu, et déjà tellement différent du nôtre.

Notre première priorité est purement matérielle puisque nous devons retirer suffisament d'argent pour nous lancer dans l'aventure chinoise.

Après plusieurs essais infructueux, nous trouvons finalement un distributeur de la Bank of China qui accepte de nous délivrer des billets. On a d'ailleurs pu remarquer tout au long de notre voyage que c'était la seule banque à accepter les retraits effectués avec des cartes internationales.

Nous retirons donc chacun 3000 Yuans (300€) qui devraient a priori nous permettre de vivre pendant une semaine.

Et là, premier choc: à l'image de ce billet de 1 Yuan (0,10€), Mao s'affiche en gros plan sur tous les billets chinois. Tout un symbole...


C'est la luutte finaale!


Premiers contacts avec la population locale, premières tentatives d'arnaque!!

On nous propose des courses en taxi jusqu'au centre ville de Pékin à 300 Yuans (30€). Une folie d'après le Lonely (photo à gauche), ce fidèle compagnon qui nous suivra pendant toute notre aventure.

Heureusement, on croise une Française apparemment bilingue qui demande à son ami - Chinois - de nous emmener vers un bus. Le trajet nous coûte finalement 16 Yuans (1,6€) par personne, voilà qui colle plus à nos estimations de budget!!



Heureusement, un pied à terre nous attend: Emma reste ensuite quatre mois à Pékin, et elle a déjà trouvé un appartement à louer dans le nord de la ville. Nous avons donc une direction précise à prendre.

Ce trajet en bus est l'occasion d'une première confrontation au gigantisme chinois.



Tout me semble démesuré... les avenues sont à 8 voies, les immeubles bien plus haut que chez nous... et tout cela sur des kilomètres et des kilomètres. C'est vraiment impressionant. Vertigineux.

Un constat: les routes aux environs de l'aéroport de Pékin sont dans un état impeccable. La suite du voyage nous confirmera que c'est loin d'être une généralité en Chine. La préparation de la ville pour les JO de 2008 est évidente...

Après une bonne heure de route, le bus nous dépose sur le terre-plein central du périph' (photo de droite). Le Chinois, à l'aéroport, avait indiqué au chauffeur dans quelle direction nous allions.

Etat des lieux à cet instant précis de la journée: il fait chaud, nous sommes bien chargés, assez fatigués, et pas vraiment sûrs de savoir où nous nous trouvons.

Très honnêtement, un certain doute s'installe...


Mais rapidement nous reprenons le dessus et décidons d'interroger les passants sur la bonne direction à prendre pour nous rendre chez Emma. Nous comprenons immédiatement que l'anglais nous sera complètement inutile ici. Même chez les jeunes, que nous abordons en priorité, aucun ne parle anglais.

Dire que je chambrais gentiment Emma avec ses rudiments de chinois laborieusement appris en deux ans de cours...

Ses quelques notions nous seront salvatrices. Le fait d'avoir un papier à montrer avec notre adresse de destination écrite en chinois s'est également avéré judicieux. D'une manière générale d'ailleurs, l'écrit est un moyen de communication assez aisé quand on dispose d'un guide de type Lonely qui donne la traduction de tous les mots usuels en voyage.

A force de demander autour de nous, on finit par comprendre qu'un bus, le n° 26, serait susceptible de nous mener à bon port.

Seulement voilà...




Avez-vous déjà ressenti cette impression étrange d'être analphabête, et donc complètement coupé du monde qui vous entoure? Personnellement, c'était la première fois...

Cette sensation de perte totale de repère et donc d’isolement total a caractérisé toute cette première journée sur le sol chinois.















A force d’opiniâtreté (et de marche !), nous arrivons malgré tout à localiser l’appartement d’Emma.

Si l’aspect extérieur est assez peu engageant, l’intérieur est plutôt… normal (ai-je envie de dire après cette arrivée pour le moins déstabilisante dans le pays).

Le futur colloc’ d’Emma, Liu Liu, très sympa, est là pour nous accueillir. Il parle anglais !

Une bonne douche et un peu de repos sont les bienvenus l’après-midi. C’est ainsi que je découvre les douches « à la chinoises » : pas de baquet, à même le sol !! (photo de gauche).

En me cognant quasi systématiquement à la porte de la salle de bain à chaque passage, je réalise également que le mythe des Chinois petits n’est pas complètement galvaudé !











Un peu plus tard dans l’après-midi, nous rencontrons Lilian (prénom "occidentalisé" de Li Yan), avec qui Emma avait été en contact avant le départ. Lilian s’était notamment chargée de nous réserver nos billets de train pour le soir même.

En effet, nous avons organisé notre circuit de telle manière à le terminer par une semaine à Pékin. Après trois semaines de vadrouilles, on pensait qu’on serait contents de pouvoir se poser un peu… choix qui s’est d’ailleurs avéré excellent.

Bref, toujours est-il que nous avions décidé de quitter Pékin le soir même.

Vers 19h on se remet donc en route, et, sous une pluie diluvienne (fréquentes à Pékin parait-il), on va prendre notre bus pour aller à la gare.


Du « tous pour Mao » au « chacun pour Moi »


Là, c’est à une belle démonstration de culture chinoise que nous assistons.

Il y a des centaines de personnes amassées autour de plusieurs arrêts de bus (la photo de droite ne rend que très partiellement compte de la situation).

La foule est tellement imposante que 3 des 4 voies du périph’ sont envahies par les piétons qui guettent l’arrivée de leur bus. Des voitures déboulent à toute vitesse et essaient de se frayer un passage parmi tous ces gens, apparemment rompus à l’exercice.

La situation me semble surréaliste. La fatigue aidant, je ne comprends pas tout ce que je vois, et je n’ai qu’une envie : fermer les yeux et me retrouver en France, dans un bon lit chaud.

Mais le pire est encore à venir : l’arrivée de notre bus provoque un mouvement de foule insensé, tout le monde se met à courir en direction du véhicule qui roule encore. Comment n’y a-t-il pas des dizaines de morts tous les jours dans des moments comme celui-là ?

Le bus est bien trop petit pour contenir la cohue qui s’y précipite, et dont nous faisons partie malgré nous. C’est donc aux premiers qui réussiront à monter à l’intérieur. Nous avons la chance de dépasser d’une tête tous nos concurrents, nous y parvenons donc sans trop de difficulté. Mais la scène est vraiment pitoyable : des jeunes filles sont littéralement écrasées sous le poids des dizaines de personnes cherchant coûte que coûte à monter dans ce bus.

N’y a-t-il donc aucun respect pour l’autre ici ? Aucun comportement social ? Aucun self contrôle ?

Ce sont malheureusement des questions qui ne cesseront de revenir tout au long de notre voyage.

Le paradoxe est évident, et consternant : comment un pays communiste a-t-il pu créer des gens autant individualistes ?

Ou, avec un peu d’humour, comment a-t-on pu passer du « tous pour Mao » au « chacun pour Moi » avec autant de violence ?

Mais nous ne sommes pas (encore !) au bout de nos surprises….


Gare de Pékin ouest

Le voyage au bout de la nuit


Arrivés à la gare, après une traversée interminable (2h) de Pékin en bus, nous comprenons que Lilian s’est trompée dans les réservations de nos billets de train.

En fait, il faut savoir qu’il existe 4 classes de confort totalement différent dans les trains en Chine. On parle de sièges durs et de sièges mous pour les deux classes les plus basses, et de couchette dures et de couchette molles pour les classes les plus hautes.

Autant vous le dire tout de suite, puisqu’on les a toutes testées pendant notre voyage, la différence dur/mou n’est que sémantique. Dans la réalité, il s’agit surtout d’un gain de place à mesure que vous montez en classe.

Nous avions donc demandé à Lilian de nous prendre des places dans la classe des couchettes dures. Seulement voilà, ce qui devait arriver arriva, elle s’est trompé et nous a pris des… sièges durs.

Dur… dur… oui très dur est le moment où nous comprenons que nous sommes probablement repartis pour une nuit blanche. Avec la lecture de nombreux blogs et guides touristiques, nous avions bien compris que le voyage allait être difficile.

L’attente dans la gare n’est déjà pas un moment de franche rigolade. Je ne savais pas qu’on pouvait rendre un lieu public aussi bruyant.

Il y a une superposition incroyable de sources sonore : annonces en tous genres au micro et au mégaphone, publicités sur écrans géants, cris des propres personnes de la salle d’attente, et surtout… cette musique diffusée en boucle, et qu’on entendra de partout pendant notre séjour. Apparemment le tube de l’été 2006 en Chine.

Je vous laisse découvrir cette merveille (enregistrée plus tard, dans une autre ville):

powered by ODEO

Alors sinon, comment vous décrire le compartiment des sièges durs ?

C’est un peu les « limbes » de Dante, cet endroit qui se situe aux portes de l’Enfer…

Il y a là, entassés, tous les miséreux du train. Le nombre de places assises est largement inférieur au nombre d’occupants.

Certains vont donc passer la nuit par terre, étendus sur du papier journal, dans la crasse, à guetter le moindre bout de banquette qui se libérerait… D’autres resteront debout...

Et même pour ceux qui ont la chance d’être assis, c’est notre cas, les banquettes sont si étroites, et nous sommes si nombreux, qu’aucune marge de manœuvre n’est permise.

La photo ci-dessus a été prise lors d’un autre trajet en couchettes dures (et oui, on y a eu le droit deux fois !). Pour ce premier trajet, je n’avais vraiment pas le cœur à faire des photos.

Pour couronner le tout, nous nous retrouvons assis face au contrôleur. Un type tout droit sorti des plus sombres années du communisme : lunettes noires, tenue stricte, une main figée sur la lampe torche, l’autre sur le talkie walkie qui ne cessera pas d’émettre des sons stridents toute la nuit. A chaque arrêt en gare, la sentinelle se lève, deux pauvres types n’ayant pas de place se ruent sur son siège pour avoir quelques minutes de répit. Mais chaque fois c’est pareil, l’homme soldat revient, et d’un geste dédaigneux de la main, balaie ces deux hommes, et reprend sa place.

La situation est assez invraisemblable.

Impossible de fermer l’œil de la nuit, donc. Emmanuelle et moi décidons de passer le temps en parlant. De tout, de rien… nous nous rassurons mutuellement je crois.

C’est donc une deuxième nuit blanche qui s’engage dans ces conditions peu enviables.

Débuts difficiles donc, mais… peut-on envisager meilleure entrée matière dans ce pays ?


Pour lire la suite de ce récit, cliquez sur "messages plus anciens" ci-dessous à droite.

Aucun commentaire: